Page:Scribe - Œuvres complètes, éd. Dentu, vol. 44.pdf/164

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TOUS, à voix basse, et la pressant davantage en tendant leur main.
––Silence ! Je l’ai dit. A mon tour maintenant.
–––––––––Voilà mon argent !
–––––––Voilà, voilà mon argent.
CHRISTIAN, matelot, fendant brusquement la foule.
–––Place, vous dis-je ! à mon tour ! c’est à moi,
–––––Christian, matelot du roi !
––Je veux savoir mon sort et mes chances futures.
––Au service du roi j’ai bravé le trépas,
––Et depuis dix-huit ans que pour lui je me bats,
––Je n’ai rien reçu !
ARVEDSON.
––Je n’ai rien reçu ! Rien !
CHRISTIAN.
––Je n’ai rien reçu ! Rien ! Que trois larges blessures.
––Aurai-je mieux un jour ?
ARVEDSON.
––Aurai-je mieux un jour ? Donnez-moi votre main !
CHRISTIAN, présentant sa main.
––Je paierai bien ; tâchez que ce soit bon.
GUSTAVE, à part.
––Je paierai bien ; tâchez que ce soit bon. Brave homme !
ARVEDSON, examinant la main de Christian.

Vous recevrez un jour, de notre souverain, Un beau grade, et, de plus, une assez forte somme.

GUSTAVE, tirant de sa poche un rouleau d’or sur lequel il écrit quelques mots au crayon.
––Je veux qu’elle ait dit vrai.

(Il glisse le rouleau dans la poche de la veste de Christian, et se remet tranquillement à fumer sa pipe.)

CHRISTIAN, à Arvedson.
––Je veux qu’elle ait dit vrai. Sorcière, grand merci !