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ACTE TROISIÈME

Un site affreux et sauvage aux environs de Stockholm. — A gauche, on aperçoit deux piliers réunis au sommet par d’épaisses barres de fer : c’est là qu’on suspend les suppliciés. A l’entour sont des rochers, des arbres verts très-élevés, qui donnent à ce paysage une apparence lugubre ; plusieurs parties en font éclairés par la lune.


Scène PREMIÈRE.

(Le site est désert ; on voit tomber la neige, on entend le sifflement du vent. Minuit sonne dans le lointain ; c’est l’horloge du dernier faubourg de Stockholm. — Partit sur la montagne une femme enveloppée d’une pelisse ; elle avance en tremblant, s’arrête à chaque pas et parait près de se trouver mal. C’est Amélie. Elle aperçoit les deux piliers, elle tressaille d’effroi et tombe presque inanimée sur un banc de rochers qui est à droite.)

AMÉLIE, seule.
––Mon Dieu ! Secourez-moi ! La force m’abandonne !

(Essayant de se lever.)

––Dans cet affreux séjour du crime et du trépas,
––Tout me glace d’effroi… jusqu’au bruit de mes pas.
––Je suis seule… avançons !… Quelle horreur m’environne !

(Regardant les piliers.)

––Oui, si je me souviens de son ordre formel,
––Là… parmi ces rochers… près de ce temple antique,