Page:Scribe - Œuvres complètes, éd. Dentu, vol. 44.pdf/198

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Ensemble.
ANCKARSTRŒM.
––––––Malheur à vous ! craignez mon bras,
––––––Et près d’elle n’avancez pas !
AMÉLIE, avec effroi.
––––––Que devenir ? que faire, hélas !
––––––Mon Dieu, j’implore le trépas !
WARTING.
––––––Pour admirer autant d’appas
––––––On peut bien braver le trépas.
DE HORN et LES CONJURÉS riant.
––––––––Admirable conquête !
––––––––Nos regards curieux
––––––––Troublent le tête-à-tête
––––––––D’un rival trop heureux.

(Anckarstrœm tire son épée, chacun des conjurés en fait autant. Amélie effrayée, voyant tous ces bras armés qui menacent son mari, oublie tout, pousse un cri et s’élance au milieu des combattants.)

AMÉLIE.
––––––Arrêtez !… épargnez sa vie !

(Dans ce mouvement brusque et rapide, son voile est tombé sur ses épaules. La lueur rougeâtre des torches éclaire sa figure pâle et presque inanimée. Tous la reconnaissent et s’arrêtent immobiles.)

DE HORN, avec surprise et respect.
––La comtesse Anckarstrœm !
TOUS.
––La comtesse Anckarstrœm ! C’est sa femme !
ANCKARSTRŒM, à part, et comme frappé de la foudre.
––La comtesse Anckarstrœm ! C’est sa femme ! Amélie !
TOUS, gaiement, et à demi-voix entre eux.
––––––––Admirable conquête !
––––––––Quoi ! ces époux heureux,
––––––––Tous deux, en tête-à-tête,
––––––––Se trouvaient en ces lieux !