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OSCAR, à demi-voix.
––Simple domino noir ; puis, sur son cœur, en croix,
––Un ruban amarante…

(Gaiement.)

––Un ruban amarante… Adieu ; voici la danse !
ANCKARSTRŒM, voulant le retenir.
––Un mot !
OSCAR.
––Un mot ! Je ne veux pas que sans moi l’on commence,
––Et j’entends retentir le fifre et le hautbois.

(Il s’échappe en courant ; Anckarstrœm regarde autour de lui, aperçoit deux des conjurés, va leur parler bas et disparaît avec eux dans une des salles du fond en examinant avec attention tout les masques qu’il rencontre.)

CHŒUR GÉNÉRAL.
––––––––Plaisir, amour, ivresse,
––––––––O nuit enchanteresse,
––––––––Prolonge encor ton cours !
––––––––Jusqu’au jour qui commence
––––––––Livrons-nous à la danse !
––––––––Livrons-nous aux amours !

(Pendant la fin du chœur précédant, un homme en domino noir, et portant sur la poitrine un ruban amarante posé en croix, est sorti d’un des salons à droite et s’avance pensif jusqu’au bord du théâtre ; une femme en domino blanc le regarde, s’approche vivement, et lui dit à demi-voix et d’un ton solennel.)

LE DOMINO.
––Pourquoi paraître ici, Gustave ? et quel délire
––Te rend sourd aux avis qui te sont adressés ?
GUSTAVE, le regardant.
––––––C’est donc toi qui viens de m’écrire
––––––Que mes jours étaient menacés ?
LE DOMINO, arrachant le ruban amarante qui est sur la poitrine de Gustave.
––––––Peut-être !… Et tu devais me croire !