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çant qu’un brick venait de débarquer, à l’embouchure du fleuve, un chargement considérable, des provisions pour moi…

GERVAIS.

De nouveaux détenus ?

RENAUD.

Non ! cette fois il n’y a que des femmes ! une attention du gouvernement qui nous les envoie pour peupler la colonie.

MARGUERITE, s’avançant.

O ciel ! ces pauvres femmes !

RENAUD.

Allez ! elles ne sont pas à plaindre ! elles riaient ! fallait les entendre ! excepté une seule qui est jolie… mais qui pleure toujours ! sans cela, et comme j’ai le droit de choisir, je la prendrais pour moi !

MARGUERITE, avec effroi.

O mon Dieu ! qu’est-ce qu’elle a donc fait pour ça ?…

RENAUD.

C’était, dit-on, la maîtresse d’un grand seigneur… qui, dans une querelle… dans une orgie… aurait été blessé ou tué…

MARGUERITE.

Par elle ?

RENAUD, froidement.

C’est possible !… on n’est pas parfait !… on parle aussi de diamants qui auraient disparu… enfin ! ça ne me regarde pas… elle m’a été remise ce matin… avec les autres ! l’envoi était régulier… j’en ai donné un reçu… et maintenant qu’elle est sous ma garde…

MARGUERITE, d’un air suppliant.

Vous serez bon pour elle.

RENAUD, durement.

Pourquoi faire ?