Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/123

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pas, car vous êtes discret, on m’a assuré que vous l’aimiez…

MASH. Moi, madame… jamais !

LA REINE. Et pourquoi donc vous en défendre ? la duchesse est fort belle, fort aimable, et le rang qu’elle occupe…

MASH. Ah ! qu’importe le rang et la puissance… on y songe peu quand on aime. (Regardant Abigaïl qui est debout derrière la reine.) Et j’aime ailleurs !… (Abigaïl fait un geste d’effroi.)

LA REINE, baissant les yeux. Ah ! c’est différent… Et celle que vous aimez est dont bien belle !

MASH., avec amour et regardant Abigaïl. Plus que je ne peux vous dire… (Se reprenant.) Je veux dire que je l’aime… que je suis heureux et fier de cet amour et punissez-moi, madame, si même ici, devant vous et à vos pieds, j’ose l’avouer…

LA REINE, se levant brusquement. Taisez-vous !… N’entendez-vous pas ?

ABIG., montrant la porte du cabinet à droite. On frappe à cette porte !

MASH., montrant les portes du fond. Ainsi qu’à celle-ci !

ABIG. Et ce bruit au dehors !… les appartements se remplissent de monde.

LA REINE. Comment fuir maintenant ?… (À part avec effroi.) Et cette phrase de la duchesse ! (Haut.) Et si on le voit ici…

ABIG. Là, sur ce balcon…

(Masham s’élance sur le balcon à gauche. Abigaïl referme la fenêtre.)