Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA REINE, avec agitation. Messieurs… (Leur faisant signe de s’éloigner.) Un instant… je vous prie !

(Ils s’éloignent tous de quelques pas ; la reine reste seule sur le devant du théâtre avec Bolingbroke.)

LA REINE, à demi-voix. Ah, qu’avez-vous fait ?…

BOL., de même. Vous m’avez dit de vous sauver… (A la reine qui ne peut cacher son émotion.) Allons, ma souveraine… et puis, fallait-il laisser déshonorer cette jeune fille qui venait de se dévouer pour Votre Majesté ?

LA REINE, avec courage et comme ayant pris sa résolution. Non !… (à demi-voix.) dites-leur d’approcher. (Bolingbroke fait un signe ; Abigaïl et Masham, qui s’étaient tenus à l’écart, s’avancent timidement.)

LA REINE, avec émotion et à voix basse à Abigaïl. Abigaïl… ce que vous venez d’entendre… il faut que cela soit… ne le démentez pas… Encore cette preuve de dévoûment… et ma reconnaissance… mon amitié vous sont à jamais acquises…

ABIG., à la reine, avec épanchement. Ah ! madame… si vous saviez…

BOL., lui coupant la parole. Silence !…

(Il fait un signe à Masham qui à son tour s’avance près de la reine.)

LA REINE. Quant à vous, Masham…

BOL., bas à Masham. Refusez !

LA REINE. Je sais que d’autres idées, peut-être… mais, par le dévoûment que vous lui