Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/20

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que vous êtes heureuse ici, vous faites ce que vous voulez… Si on peut dire cela… moi qui, enchaînée à ce comptoir, ne pouvais le quitter… et ne voyais M. Masham que le dimanche après la messe, quand il n’était pas de service à la cour… Enfin un jour… il y a près d’un mois, la belle dame eut la fantaisie d’une toute petite bonbonnière en or, d’un travail exquis… presque rien… trente guinées !… Mais elle avait oublié sa bourse… et je dis : On enverra ce bijou à l’hôtel de milady… Mais milady que cela semblait embarrasser, hésitait à nommer son hôtel, sans doute à cause de son mari… à qui elle ne voulait pas dire… il y a des grandes dames qui ne disent pas à leur mari… et je m’écriais : Gardez, gardez, milady, je prends tout sur moi. Vous daignez donc être ma caution ? répondit-elle avec un sourire charmant… C’est bien, je reviendrai !… Mais pas du tout, c’est qu’elle ne revint pas…

BOL., riant. La grande dame était une friponne.

ABIG. J’en eus bien peur… car un mois s’était écoulé… M. Tomwood était bien mal dans ses affaires, et les trente guinées dont j’avais répondu, je les devais à lui… ou à ses créanciers… C’était là ce qui me désolait, ce dont, pour rien au monde, je n’aurais osé parler à personne… mais j’étais décidée à vendre tout ce que je possédais… mes plus belles robes, même celle-ci, qui me va bien, à ce qu’on dit.

BOL. Très bien.