Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/27

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vingt-six ans fus regardé comme un élégant, un étourdi, un homme incapable d’occupations sérieuses… savez-vous comment tout d’un coup je devins un homme d’état, comment j’arrivai à la chambre, aux affaires, au ministère ?

ABIG. Non vraiment.

BOL. Eh bien ! ma chère enfant, je devins ministre parce que je savais danser la sarabande ; et je perdis le pouvoir parce que j’étais enrhumé.

ABIG. Est-il possible ?

BOL., regardant du côté de l’appartement de la reine. Je vous conterai cela un autre jour, quand nous aurons le temps. Et maintenant, sans me laisser abattre, je combats à mon poste, dans les rangs des vaincus !…

ABIG. Et que pouvez-vous faire ?

BOL. Attendre et espérer !

ABIG. Quelque grande révolution ?…

BOL. Non pas… mais un hasard… un caprice du sort… un grain de sable qui renverse le char du triomphateur.

ABIG. Ce grain de sable, vous ne pouvez le créer ?

BOL. Non… mais si je le rencontre, je peux le pousser sous la roue… Le talent n’est pas d’aller sur les brisées de la Providence, et d’inviter des événements, mais d’en profiter. Plus ils sont futiles en apparence, plus, selon moi, ils ont de portée… les grands effets produits par de petites causes… c’est mon