Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/32

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Vous avez des dettes énormes… près d’un million de France, que vos créanciers impatients et désespérés m’ont cédé pour un sixième payé comptant… J’ai tout racheté… moi si avide, si intéressée… Vous ne m’accuserez pas cette fois de vouloir m’enrichir… (Souriant.) car ces créances, sont, dit-on, désastreuses… mais elles ont un avantage… celui d’emporter la contrainte par corps… avantage dont je n’ai pu profiter encore avec un membre de la chambre des communes… mais demain finit la session, et si la piquante anecdote dont vous parliez tout à l’heure paraît dans le journal du matin… le journal du soir annoncera que son spirituel auteur, M. de Saint-Jean, compose en ce moment, à Newgate, un traité sur l’art de faire des dettes… Mais je ne crains rien, monsieur, vous êtes trop nécessaire à vos amis et à l’opposition pour vouloir les priver de votre présence, et quelque pénible que soit le silence pour un orateur aussi éloquent, vous comprendrez mieux que moi encore la nécessité de vous taire.

(Elle fait la révérence et sort.)

Scène VI.

ABIGAÏL, BOLINGBROKE.

ABIG. Eh bien ! qu’en dites-vous ?

BOL., gaîment. Bien joué, vrai Dieu !… c’est de bonne guerre… J’ai toujours dit que la duchesse était une femme de tête et surtout