LA REINE, allant s’asseoir près de la table à gauche. C’est juste !
LA DUCH. Vous voyez bien que quand cela est possible, je suis la première à vous seconder.
LA REINE, assise, et se tournant vers elle. Vous êtes si bonne !
LA DUCH., debout près du fauteuil. Mon Dieu, non ! au contraire… je le sens bien… mais j’aime tant Votre Majesté, je lui suis si dévouée.
LA REINE, à part. Après tout, c’est vrai !
LA DUCH. Et les rois ont si peu d’amis véritables !… d’amis qui ne craignent pas de les fâcher… de les heurter, de les contrarier… Que voulez-vous, je ne sais ni flatter… ni tromper… je ne sais qu’aimer…
LA REINE. Oui, vous avez raison, duchesse, l’amitié est une douce chose…
LA DUCH. N’est-il pas vrai ?… Qu’importe le caractère ? le cœur est tout… (La reine lui tend la main que la duchesse porte à ses lèvres.) Votre Majesté me promet qu’il ne sera plus question de cette affaire… elle a pensé me faire perdre vos bonnes grâces… elle m’a rendue si malheureuse…
LA REINE. Et moi aussi !
LA DUCH. Le souvenir en serait trop pénible. Qu’elle soit à jamais oubliée.
LA REINE. Je vous le promets.
LA DUCH. Ainsi c’est convenu… vous ne reverrez plus cette petite Abigaïl ?…
LA REINE. Certainement.