Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/48

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ami de son pays, et de plus un parent désolé, qui accourt au nom de la patrie en pleurs demander justice et vengeance. Le défenseur de nos libertés, lord Richard, vicomte de Bolingbroke, mon noble cousin… hier, dans votre palais… et dans les jardins de Saint-James…

ABIG., à part. Ô ciel !…

BOL. A été frappé en duel… si l’on peut appeler duel… un combat sans témoins, où son adversaire, protégé dans sa fuite, a été soustrait à l’action des lois.

LA DUCH. Permettez…

BOL. Et comment ne pas croire alors que ceux qui l’ont fait évader sont ceux qui avaient armé son bras… comment ne pas croire le ministère… (À la duchesse et aux seigneurs qui témoignent leur impatience et haussent les épaules.) Oui, madame, je l’accuse, et les cris du peuple irrité parlent encore plus haut que moi… j’accuse les ministres… j’accuse leurs partisans… leurs amis… je ne nomme personne, mais j’accuse tout le monde… d’avoir voulu se défaire, par trahison, d’un adversaire aussi redoutable que lord Richard Bolingbroke, et je viens déclarer à Sa Majesté, que si des troubles sérieux éclatent aujourd’hui dans sa capitale, ce n’est pas à nous, ses fidèles sujets, qu’elle doit s’en prendre… mais à ceux qui l’entourent et dont l’opinion publique réclame depuis longtemps le renvoi !

LA DUCH., froidement. Avez-vous terminé ?

BOL. Oui, madame.