Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/59

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BOL., avec fatuité. C’est possible !

LA DUCH., gaîment. Eh ! mais… je commence à le croire !… l’intérêt que vous lui portez… l’insistance, la chaleur ne vous mettez à la défendre… (Souriant.) Là, vraiment, mylord, est-ce que vous aimeriez cette petite ?

BOL. Quand ce serait ?…

LA DUCH., gaîment. Je le voudrais !

BOL. Et pourquoi ?

LA DUCH., de même. Un homme d’État amoureux, il est perdu !… il n’est plus à craindre !…

BOL. Je ne vois pas cela !… Je connais de hautes capacités politiques qui mènent de front les amours et les affaires… qui se délassent des préoccupations sérieuses par de plus douces pensées et sortent parfois des détours de la diplomatie pour entrer dans de piquantes et mystérieuses intrigues. — Je connais entr’autres une grande dame, que vous connaissez aussi, qui, charmée de la jeunesse et de la naïveté d’un petit gentilhomme de province, a trouvé bizarre et amusant (je ne lui suppose pas d’autre intention) de devenir sa protectrice invisible… sa providence terrestre, et sans jamais se nommer, sans apparaître à ses yeux, elle s’est chargée de son avancement et de sa fortune… (Geste de la duchesse.) C’est intéressant, n’est-ce pas, madame ?… Eh bien ! ce n’est rien encore ! — Dernièrement, et par son mari qui est un grand général, elle a fait nommer son protégé