Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/94

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qu’un autre grand empire ait aussi le même projet, c’est une chance de salut ; les deux grandes puissances s’observent, se déjouent, se neutralisent, et la province menacée échappe au danger, grâce au nombre de ses ennemis… Comprenez-vous ?

ABIG. À peu près… mais le danger le voici ! La duchesse a donné rendez-vous à Masham, ce soir, chez elle, après le cercle de la reine…

BOL. Très bien…

ABIG., avec impatience. Eh ! non, monsieur, c’est très mal !…

BOL. C’est ce ne je voulais dire !

ABIG. Et en même temps l’autre personne… l’autre grande dame, veut également le recevoir chez elle, à la même heure…

BOL. Que vous disais-je ? Elles se nuisent réciproquement… Il ne peut pas aller aux deux rendez-vous !

ABIG. Aucun, je l’espère ! Heureusement, cette grande dame ne sait pas encore, et ne saura que ce soir au moment même… si elle sera libre, car elle ne l’est pas toujours… pour des raisons que je ne puis expliquer.

BOL., froidement. Son mari ?

ABIG., vivement. C’est cela même… et si elle peut réussir à lever tous ces obstacles…

BOL. Elle y réussira, j’en suis sûr.

ABIG. Dans ce cas-là, pour prévenir moi et Arthur, elle doit, ce soir, et devant tout le monde, se plaindre de la chaleur et demander négligemment un verre d’eau.