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piquillo alliaga.

Allons, il le faut, j’épouserai M. le duc de Santarem.

Quand il eut fini, il fit le tour du cercle, recueillit une somme de quelques maravédis, et en signe de remercîment il agita en l’air son chapeau en regardant du côté de la tourelle.

Une petite pierre, lancée à travers les barreaux, lui fit croire qu’on l’avait reconnu et qu’on l’avait compris.

Il descendit avec ses compagnons coucher à l’hôtellerie qui était au bas de la montagne, et, enchanté de sa journée, il passa une excellente nuit, persuadé que le lendemain il délivrerait son ami Piquillo.

Hélas ! celui-ci avait bien reconnu Pedralvi ; il avait écouté de toutes ses oreilles, et devinant, qu’on lui envoyait un bon avis, il n’avait pas perdu un mot de la chanson, mais il n’en avait pas compris une syllabe, par une raison infiniment simple dont Pedralvi ne se doutait pas, c’est que le pauvre Piquillo savait beaucoup de choses, mais ne savait pas l’arabe.

Aussi, le lendemain, de bon matin, suivi de ses amis, qui, sous leurs habits de bohémiens, avaient comme de l’or et du fer, Pedralvi avait gravi la montagne.

Il rôda vainement pendant toute la journée autour de l’église, espérant à chaque instant que les portes de la prison allaient s’ouvrir et que le néophyte serait conduit à l’église ; personne ne parut : toutes les portes restèrent closes, et le soir venu, Pedralvi désespéré fut obligé de retourner coucher à l’hôtellerie de la montagne.

Cependant le terme s’écoulait. Il y avait cinquante-neuf jours que Piquillo était prisonnier, et le dernier jour du second mois venait d’arriver.

Fidèle à la promesse qu’il avait faite au curé Romero, et impatient de connaître les nouveaux résultats de l’œuvre de la Rédemption, l’archevêque de Valence avait quitté sa résidence et s’était dirigé vers le petit village d’Aïgador.

Parvenu à Madrilejos, et avant d’entrer dans la montagne, il avait pris une escouade d’alguazils qu’il avait fait demander à Josué Calzado, corrégidor mayor de la province de Tolède, et que celui-ci s’était empressé de mettre à sa disposition.