Aller au contenu

Page:Scribe - Théâtre, 1.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

PIGEON.

Ils ont raison ; il est de fait qu’avec un habit marron… j’aurois mieux fait de prendre ma redingote. La nuit sera froide. (Il se couche.) Ah ! ah !

DORVAL, à Saint-Léon.

C’est fort bien, chacun est au corps-de-garde comme chez soi : M. Pigeon dort, moi je m’ennuie ; ces messieurs jouent ; et toi, tu rêves sans doute à tes amours, car tu fais une mine…

SAINT-LÉON.

C’est vrai, je suis furieux ; et quand un jeune homme honnête se présente pour épouser…

DORVAL.

Il y en a si peu qui se présentent ainsi !

SAINT-LÉON.

Au moins doit-on le refuser poliment. La lettre la plus impertinente ! Écoute seulement cet endroit-là, je t’en prie : (Lisant.) « Je n’aime pas les fats, et je crains que ma sœur ne pense comme moi. Que voulez-vous ? c’est un goût de famille. »

DORVAL.

Comment ! c’est cette jolie madame de Versac qui écrit ainsi à toi, qui est la modestie même.

SAINT-LÉON.

Que veux-tu ? elle a su que j’étais ton ami intime, voilà ce qui m’a perdu !

DORVAL.

Ingrat ! cela t’a servi auprès de tant d’autres ! D’ailleurs, pourquoi t’adresser à madame de Versac ? Parle