Dis donc, petit joufflu, c’est toi qui portes les billets de garde ?
Je le crois bien.
Eh bien ! tâche donc de ne pas venir si souvent chez moi. Mon portier ne voit que ton visage.
Vous êtes difficile. Il y a bien des belles dames de votre quartier qui me paieraient pour apporter des billets à leurs maris.
Bah !
Quand l’heureuse missive
Arrive un beau matin ;
Crac… l’épouse attentive
L’envoie à son voisin :
Soudain il y regarde
Le jour du rendez-vous ;
C’est le billet de garde
Qui sert de billet doux.
On s’en est plaint à la poste. Le facteur du quartier ne fait plus rien ; mais moi, c’est différent.
Si monsieur craint ma visite,
Madam’ la trouve d’ son goût ;
L’un m’ paierait pour v’nir plus vite,
L’autr’ pour ne pas v’nir du tout !
D’ sorte qu’ j’arrive ou que j’ tarde,
Toujours on donne au facteur ;
Et pour moi z’un billet d’ garde
Est un billet z’au porteur.