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Page:Scribe - Théâtre, 1.djvu/342

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FRÉDÉRIC.

Eh bien ! tu ne devines pas ? (En riant.) J’ai tout perdu, et il ne me reste rien : ça n’est pas pour moi, ça m’est égal ; je connais ces positions-là ; mais c’est le beau-père, un brave homme qui m’avait accepté plus pour moi-même que pour ma fortune ; une jeune personne charmante, qui m’adore, oui, qui m’adore, c’est le mot ; tu sais que là dessus je ne m’en fais pas accroire… et des présens de noce… une corbeille superbe qui arrive aujourd’hui, et que je ne sais trop comment payer. Voilà, je te l’avoue, ce qui me fait trembler pour mon cinquième mariage.

GUSTAVE.

Comment, morbleu ! ne suis-je pas là ? Et si une vingtaine de mille francs peuvent d’abord te suffire…

FRÉDÉRIC, le serrant dans ses bras.
AIR de Préville et Taconnet.

Mon ami, mon dieu tutélaire.

GUSTAVE.

Ton bien jadis n’était-il pas le mien,
Lorsqu’avec moi tu partageais en frère ?

FRÉDÉRIC.

Oui, de ce temps je me souvien,
De ce temps-là je me souvien.
Nous apportions, toi, ce me semble,
Crédit, fortune, esprit sage et rangé ;
Moi, les défauts et les dettes que j’ai ;
Puis, sans façon, nous mettions tout ensemble :
Voilà comment j’ai toujours partagé.

GUSTAVE.

Et quelle est ta future ?