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Page:Scribe - Théâtre, 1.djvu/397

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geuse, que je ne l’ai pas examinée. Celui qui m’a vendu était bien le possesseur, mais possesseur temporaire : vu que le comte Durfort, qui en était le propriétaire, est disparu depuis vingt-neuf ans, et qu’on ignore ce qu’il est devenu. Je sais bien qu’il ne faut plus qu’un an pour qu’il y ait prescription, et alors je ne risquerai plus rien ; mais si d’ici là le véritable comte Durfort ou ses héritiers s’avisaient de revenir, ça ferait un fameux procès.

DERVILLE.

Ah, que c’est heureux ! vous me le donneriez.

JOLIVET.

Du tout : je l’exploiterais moi-même.

DERVILLE.

Vous auriez tort ; vous savez bien que les procureurs prennent encore plus cher que les avoués, si c’est possible. Adieu, je vous quitte : j’ai quelques affaires très pressées, et il faut que j’aille au Palais. J’espère que vous ne me tiendrez pas rancune, et qu’aujourd’hui vous me ferez le plaisir de venir passer la soirée chez moi.


Scène IV.

JOLIVET, seul.

C’est ça ! une soirée ! une fête ! et sa charge n’est pas payée ! Ô dissipation ! dissipation ! et quel faste ! quel scandale ! Je vous demande si on ne se croirait pas ici dans un boudoir, plutôt que dans une étude ? Jus-