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Page:Scribe - Théâtre, 1.djvu/422

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réputation ; vous le verrez. Vous allez me donner le nom de quelques-uns de vos adversaires ; j’ai ce soir une espèce de petit bal : je vais les inviter. J’espère que vous me ferez aussi le plaisir d’accepter un verre de punch, et nous, commencerons à entamer notre affaire.

FRANVAL.

Comment ! au milieu d’un bal ?

DERVILLE.

Je n’en fais jamais d’autre. Ce n’est pas dans le cabinet, c’est dans le salon qu’on traite les affaires. Vous croyez peut-être que c’est pour mon plaisir que je vais dans le monde ; du tout, c’est encore une spéculation. Le matin, où voulez-vous que je rencontre mes confrères ? pas un n’est chez lui ! tandis que le soir, allez à un écarté, ils y sont tous.

FRANVAL.

Je conçois. Mais vos conférences doivent vous revenir un peu cher, et j’ai entendu dire que votre goût pour la dépense, pour la société…

DERVILLE.

Ne blâmez pas cet usage-là. L’homme d’affaires dans son cabinet est dur, intraitable, intéressé : c’est l’habitude du monde, c’est la société des femmes qui le rendent plus doux, plus aimable, plus généreux. Les femmes, monsieur, ont sur nous une influence… tenez, les jours où je dois voir celle que j’aime, il me semble que je suis meilleur, que je suis plus conciliant : j’arrangerais les affaires de tous mes cliens.