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Page:Scribe - Théâtre, 11.djvu/481

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GUIMBARDINI.

N’ayez pas peur, cela ne se gagne pas ; bien plus, ça ne fait rien gagner, car voilà où j’en suis, musicien jusqu’au bout des doigts, des chants heureux, un orchestre superbe, vingt partitions dans la tête, et pas un sou dans la poche.

GERTRUDE.

Et comment cela se fait-il ?

GUIMBARDINI.

La fatalité ! J’ai dix opéras, autant de messes… Te Deum, de profundis, et cætera, je n’ai jamais pu en faire entendre une seule note, jamais !

GERTRUDE.

Est-il possible !

GUIMBARDINI, tristement.

Il n’ont pas voulu. J’ai mis les opéras en messes, les messes en opéras, et il ne s’est pas rencontré un seul directeur de spectacle assez hardi pour les recevoir et pour les jouer.


AIR du vaudeville du Baiser au Porteur.

Et cependant quel orchestre magique !
Bassons, clairons, tamtam… et dans les chœurs.
Quel tintamarre ! enfin à ma musique
Rien ne manquait, rien que des auditeurs.
Il ne manquait rien que des auditeurs.
Monde ignorant ! insensible aux merveilles !
Je n’ai donc pu, c’est à se dépiler,
Dans ce grand siècle, où l’on voit tant d’oreilles,
En trouver deux pour m’écouter.

GERTRUDE.

Est-ce malheureux !