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Page:Scribe - Théâtre, 11.djvu/496

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GIANETTA.

Ce fut alors, et voyant ma misère, qu’il vint une idée à mon hôtesse ; elle me conseilla de prendre des habits d’homme, et de me présenter comme soprano. Moi je ne savais pas ce que c’était ; et je craignais de ne pas réussir.

GERTRUDE.

Rien de plus facile ; il n’y a rien à faire qu’à chanter.

GIANETTA.

C’est ce qu’elle me dit ; et je l’ai bien vu, car hier soir, où j’ai été admise pour la première fois à me faire entendre au Vatican, devant la plus brillante société de Rome, j’ai eu un succès fou, des applaudissemens, des transports, un enthousiasme… et j’étais tellement émue, que, voulant les remercier, j’ai manqué faire la révérence.

GERTRUDE.

Quelle imprudence !

GIANETTA.

Et les directeurs de Rome et de Naples qui m’offraient chacun dix mille écus ; enfin, le cardinal de Trivoglio qui se déclare mon patron, mon protecteur, et qui veut, qui exige absolument que j’accepte un appartement dans son palais. Voilà où j’en suis ; et maintenant que vous savez tout, qu’est-ce qu’il faut faire ?

GERTRUDE.

Ce qu’il faut faire ? Avant tout, ma chère enfant, gardez avec soin un secret d’où dépend votre fortune,