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HÉLÈNE.

Plus je regarde son cabinet ; sa bibliothèque, plus je le trouve heureux ici !… c’est un vrai paradis !

HANTZ.

Hum ! hum !… un paradis !… pas tout-à-fait ; le paradis, si je m’en souviens, c’est un beau jardin en plein air ; tandis qu’ici…

HÉLÈNE.

Mon Dieu ! le paradis est partout où l’on est heureux. (Regardant les livres de la bibliothèque.) Et je ne vois pas là ses ouvrages à lui, ceux qu’il a composés ; ils sont dans toutes les bibliothèques, excepté dans la sienne… car tu ne sais pas que ton maître, le docte Reynolds, est un homme d’un grand talent, d’un immense savoir ; qui sera un jour un des plus beaux génies de l’Allemagne.

HANTZ.

Vous croyez ?… tant pis.

HÉLÈNE.

Et pourquoi donc ?

HANTZ.

Voyez où cela le mène : à être malade, à se tuer ! Et comment en serait-il autrement ?… il ne fait pas autre chose que lire et écrire depuis le matin jusqu’au soir, et quelquefois même toute la nuit ; pas d’air, pas d’exercice… ça lui épaissit le sang ; et il mourra quelque jour d’apoplexie.

HÉLÈNE, effrayée.

Ah ! mon Dieu !