Page:Scribe - Théâtre, 13.djvu/407

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il ordonna à mon domestique de faire nos paquets et de seller nos chevaux, pour partir sur-le-champ. — Y pensez-vous ? m’écriai-je ; au milieu de la nuit ? — Restez si vous voulez… moi, je quitte cette auberge. — Et pourquoi ? — Parce que, étourdis de son bonheur, Herman et ses amis boiront toute la nuit, s’enivreront, mettront le feu à la maison, qui brûlera avec lui et tout ce qu’elle renferme…

REYNOLDS, riant.

Ah !… ah !… j’y suis… ton étranger est un visionnaire, un illuminé comme nous en avons tant en Allemagne.

ALIX.

Ou tout bonnement un fou, qui aura rencontré par hasard le numéro gagnant.

REYNOLDS.

Parbleu ! il faut bien que quelqu’un gagne ; mais pour le reste…

ALCÉE.

Vous avez raison, je pense comme vous, cela n’a pas le sens commun… Eh bien ! il y a quelqu’un au monde encore plus extravagant que lui… c’est moi, qui, comme fasciné et subjugé par son sang-froid et son aplomb, ai eu la bonhomie de le suivre… par un temps affreux, et d’arriver au milieu de la nuit, au risque de me rompre le cou, dans ce château, où j’ai offert à mon compagnon de route un lit qu’il a accepté.

REYNOLDS.

Bravo ! Et comme tu disais, si l’un de vous deux