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BORELLA.

Et le peuple se tait ?

MASANIELLO.

Et le peuple se tait ? Il est las de se plaindre !

BORELLA.

S’armera-t-il, lui qui n’ose parler ?

MASANIELLO.

Il ose tout quand il a tout à craindre ;
Et c’est à nos tyrans aujourd’hui de trembler !
Chacun à ces cruels doit compte d’une offense ;
Et moi plus que vous tous ! Courons à la vengeance !

LE CHŒUR.

Nous partageons ton fier ressentiment ;
De t’obéir nous faisons le serment !

MASANIELLO.

Du silence, de la prudence,
Et le ciel nous protégera.
Toi, mon cher Borella,
Observe bien ces rives.

Les femmes et les enfans entrent en scène ; sur un geste de Masaniello, Fenella va rejoindre ses compagnes.

Que ces enfans, que ces femmes craintives
Ne sachent rien de nos secrets,
Et, pour mieux cacher nos projet
Chantons gaîment la barcarole,
Charmons ainsi nos courts loisirs.
L’amour s’enfuit, le temps s’envole ;
Le temps emporte nos loisirs
Comme les flots notre gondole,