Page:Scribe - Théâtre, 16.djvu/350

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

FARDOWE.

C’est vrai, et ce n’est pas à lui que je voudrais manquer de parole ; un brave seigneur, un joli cavalier, immensément riche ; je m’en vante. On disait qu’il était dans ce pays ; est-ce que tu ne l’as pas vu ?

ALICE.

Non… non… mon père… mais puisque nous en sommes sur ce chapitre, expliquez-moi, je vous prie, d’où vient le changement que j’ai cru remarquer dans ses manières. Autrefois, quand j’étais élevée avec lui, au château de son père, il était joyeux, aimable, rempli de prévenances. Depuis, il m’a toujours traitée comme une amie, comme une sœur. Et voilà près d’un mois que je ne le reconnais plus : il ne vient plus, comme autrefois, à votre atelier ; ou bien quand il me rencontre, il a un air sombre et soucieux ; il évite de me parler.

FARDOWE.

Vrai ! c’est bien à lui ; c’est un honnête homme, il me l’avait promis.

(Il quitte son tableau, prend son fusil, et s’approche de la coulisse.)
ALICE.

Hé bien, mon père, que faites-vous donc ?

FARDOWE.

Tais-toi donc, tais-toi donc, c’est mon faisan que j’avais cru apercevoir ; mais le voilà parti ; sont-ils impatiens dans ce pays-ci ? ils n’attendent jamais qu’on les mette en joue.

ALICE.

Et il n’est pas question de cela, mais de milord. Que vous avait-il promis ? et que lui avez-vous dit ?