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Page:Scribe - Théâtre, 17.djvu/380

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THÉOBALD, à part.

Je ne sais si je dois…

CÉLINE.

Tu me gronderas peut-être ; mais c’est égal… Tu as vu ce M. Bernardet ? qu’on me destine…

THÉOBALD.

Eh bien !

CÉLINE.

Maman est si faible et si souffrante, que je n’ai jamais osé lui donner la moindre contrariété. Mais la vérité est que ce prétendu-là, je ne l’aime pas du tout.

THÉOBALD, avec joie.

Vraiment !

CÉLINE.

Cela ne te fâche pas… J’ai tâché d’abord.. ; je me suis donné un mal… Quand j’ai vu que je ne pouvais pas y parvenir, je me suis raisonné ; je me suis dit : « Je ferai comme tant d’autres, je l’épouserai sans l’aimer. » Et cela me coûtait beaucoup ; car tu sauras… mais tu n’en diras rien ? au moins… (Elle se lève, passe derrière le fauteuil de madame de Lormoy va auprès de Théobald, et tous deux s’avancent sur le devant du théâtre, à la gauche de madame de Lormoy) Je crois… j’ai idée… que peut-être j’en aime un autre.

THÉOBALD, après avoir fait un mouvement de dépit.

Ô ciel !… Et quel est celui que vous préférez ?

CÉLINE, d’un ton mystérieux.

Un inconnu.

THÉOBALD.

Un inconnu !

CÉLINE.

Ah ! mon Dieu ! oui. Et cela ne doit pas t’étonner.