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Page:Scribe - Théâtre, 2.djvu/485

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ARMAND.

Dieu ! il se pourrait ! Vous voyez, madame, le plus heureux et le plus désespéré des hommes, car ce M. de La Durandière est un insigne imposteur que je n’ai seulement pas vu.

MADAME DE SENANGE.

S’il en est ainsi, je rétracte l’aveu que je viens de faire.

ARMAND.

Non, madame ; non, gardez-vous de vous dédire ; mais, je vous en supplie, rendez-moi ma parole, pour aujourd’hui seulement ; je vous jure bien qu’à dater de demain…

MADAME DE SENANGE.

Quoi ! à peine une demi-heure s’est écoulée, et vous trouvez déjà notre traité trop pénible à exécuter ? Vous êtes le maître, monsieur ; mais comme je tiens mes sermens plus fidèlement que vous, je vous préviens que si vous donnez la moindre suite à cette affaire, je ne vous reverrai de ma vie.

ARMAND, à part.

Dieu ! que c’est cruel ! Être obligé, pour lui couper les oreilles, d’attendre encore trois mois… le jour de mes noces.

MADAME DE SENANGE.

Que dites-vous ?

ARMAND.

Rien. Je disais que le jour de mes noces (avec une expression de colère) sera le plus beau jour de ma vie.

MADAME DE SENANGE.

À la bonne heure. Ah, mon Dieu ! il y a tant de