Page:Scribe - Théâtre, 3.djvu/20

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L’HERMITE, la regardant.

Ils auront dû leurs succès à la ressemblance. Eh ? oui, en croirai-je mes yeux ! C’est la Folie ! la Folie en pèlerine.

LA FOLIE.

C’est mon habit de voyage. Vous ne savez donc pas que je viens de courir le monde. Telle que vous me voyez, j’arrive d’Angleterre.

L’HERMITE.

Comment, ce peuple qu’on dit si sage ?

LA FOLIE.

C’est lui qui m’a le mieux accueillie. Chez lui, il est vrai, je suis obligée d’emprunter une physionomie si grave, si sérieuse, que bien des gens s’y laissent attraper, et me prennent pour la Raison ; mais le nom n’y fait rien, c’est toujours moi. J’ai assisté aux combats de coqs, aux courses de Newmarket, aux exercices des boxeurs, et je n’ai pas manqué une seule des réunions politiques qui se tiennent dans les tavernes de Londres ; j’ai même vu jouer la tragédie en français. Mais en fait de folies, les plus gaies sont les meilleures ; et je reviens à Paris revoir mes fidèles sujets ; je vais les retrouver bien changés !

L’HERMITE.

Vous allez en juger.


AIR d’une nouvelle Anglaise.

Paris est comme autrefois,
Et chaque semaine
Amène
Nouveaux jeux, nouvelles lois.
Et voilà ce que j’y vois :