Page:Scribe - Théâtre, 3.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA FOLIE.

Vous n’irez pas loin, je vous retiens en ces lieux.

LANTIMÈCHE.

Quoi ! vous croyez que mes faibles lumières pourront jeter un nouvel éclat sur votre établissement !

LA FOLIE.

Vous nous avez présenté cela sous un jour si séduisant !

LANTIMÈCHE.

Oh ! le jour, c’est mon plus fort ! Moi, l’on ne m’appelle que le dieu du jour.

LA FOLIE.

Eh bien ! c’est justement cette place-là que je vous offre. Il ne tient qu’à vous d’être Apollon et d’éclairer l’Olympe.

LANTIMÈCHE.

Comment ! moi, dans l’Olympe ! Je serai là comme un dieu ! Au moral, on ne pouvait me donner une place plus appropriée au caractère de l’individu, et même, physiquement parlant, j’ai assez les proportions que l’imagination prête à l’Apollon du Belvédère, et je ne suis pas fâché que l’on puisse comparer… Ah ça ! mais ici n’ai-je pas quelque char à conduire ?

LA FOLIE.

Non ; chez nous, les chars vont seuls : ils se précipitent d’eux-mêmes.

LANTIMÈCHE.

Eh bien ! je l’aime autant !

L’HERMITE.

Monsieur aurait craint le sort de Phaéton ?