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Page:Scribe - Théâtre, 3.djvu/55

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Scène XV.

LANTIMÈCHE, seul.

Quoiqu’il n’en ait pas l’air, il se pourrait bien que ce petit-là fût redoutable : d’abord il a la tête chaude… Mais,

Qu’on se batte, qu’on se déchire !

continuons le cours de mes glorieuses fonctions. Dans mon état de soleil, il faut toujours aller ; il n’y a ni relâche, ni indisposition ; avec ça que je suis en retard, ils vont croire qu’il y a une éclipse… (Regardant dans la coulisse à gauche.) C’est qu’on est très bien ici pour voir le combat. Un, deux, trois, quatre, tous ces Titans avec leurs montagnes… Voilà qu’ils les entassent les unes sur les autres ; voilà l’Illyrie sur la Suisse, l’Égypte par dessus et la Russie qui s’en mêle… Allons, c’est ça, roule ta bosse… Aye ! voilà Montmartre qui dégringole ; non, il remonte sur sa bête… Ah ça, Dieu me pardonne, je crois qu’ils escaladent l’Olympe… Et j’éclairerais de pareils forfaits !…

Grand récitatif.

En reculant d’horreur, Phœbus épouvanté,
À ce spectacle affreux refusa sa clarté.

Éteignez, éteignez, qu’une nuit totale couvre l’horizon !… Eh mais… j’entends une musique guerrière. Je ne me trompe pas, c’est l’air : Du haut en bas.

(On entend une explosion de fusées et de pétards.)