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Page:Scribe - Théâtre, 4.djvu/23

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MADEMOISELLE DESROCHES.

C’est-à-dire, monsieur Desroches, que parce que je suis votre pupille, vous vous croyez le droit…

DESROCHES.

Du tout ; je ne suis plus votre tuteur : depuis longtemps vous êtes majeure, et maîtresse de vous même. Mais j’ai du moins conservé le droit de remontrance ! et je puis vous demander pourquoi, chaque jour, vous vous plaignez de rester fille, et pourquoi vous n’acceptez pas le parti que je vous propose, M. Durand, un avoué de province, et pourtant un garçon d’esprit, un parfait honnête homme, à qui j’ai donné parole, et qui doit arriver cette semaine ; pourquoi n’en voulez vous pas ?

MADEMOISELLE DESROCHES.

Pourquoi ? Parce que j’espère trouver mieux !

DESROCHES.

Mais voilà trente ans que vous espérez ainsi ; et si je ne craignais de vous fâcher, je vous dirais : « Belle Philis, on désespère, alors… »

MADEMOISELLE DESROCHES.

Aussi, c’est votre faute : pourquoi vous obstiner à rester au Marais ? Croyez-vous que les jeunes gens à la mode viendront nous y chercher ? et le moyen de trouver un mari quand on demeure à la place Royale ?

DESROCHES.

D’abord, ma sœur, Ninon y demeurait.

MADEMOISELLE DESROCHES.

Aussi, est-elle restée fille.