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Page:Scribe - Théâtre, 4.djvu/55

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moi, lui donner des armes pour me couper l’herbe sous le pied ! pour saper jusque dans ses fondements cette coiffure qui depuis trente ans… (Voyant Alcibiade qui touche la coiffure.) Dieu ! il ose attaquer l’aile gauche ! N’y touchez pas ! n’y touchez pas ! Les Vandales ! ils feraient tout tomber sous leurs ciseaux destructeurs ! c’est la bande noire de la coiffure !

DESROCHES.

Je vous dis, Poudret, de rester tranquille.

POUDRET.

Eh ! le puis-je ? quand je vois porter une main usurpatrice sur ma propriété ; car votre tête m’appartient, elle est à moi : il n’y a pas là un seul cheveu que, depuis trente ans, je n’aie frisé, pommadé et poudré, tant en général qu’en particulier ; et je les verrais passer en d’autres mains ! dans les mains d’un ignorant : car ce n’est pas là un perruquier.

DESROCHES, se levant.

Précisément, je m’en doutais ; et c’est pour cela que je vous prie de vous taire, et d’aller exécuter mes ordres. Vite, le fer à papillotes, et la pommade, ou je vous donne congé.

POUDRET.

Ô dernier outrage réservé à ma vieillesse ! (À Justine.) Et vous, mademoiselle, marchez devant moi ; je ne veux pas que vous restiez ici, pour raison à moi connue. (À Desroches.) Vous le voulez, monsieur, je reviens dans l’instant. Moi, le doyen de la houppe ! le vétéran de la savonnette !… Dieu ! quelle humiliation