Page:Scribe - Théâtre, 6.djvu/342

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
GEORGES.

Mon cher ami, demandez-moi tout ce que vous voudrez, hors des explications, parce que de ce côté-là…

GAVESTON.

Je ne croyais pas qu’un militaire dût avoir recours à la ruse pour cacher ses intentions.

GEORGES.

Halte-là ! Je n’ai jamais trompé personne ; je vous déclare donc que je me suis trouvé, comme beaucoup de gens, propriétaire d’un instant à l’autre, et sans savoir comment ; mais je vous atteste qu’hier au soir, quand je suis arrivé chez vous, je n’avais pas plus d’intentions que d’argent, ça, je vous en donne ma parole ; et pour les preuves, (montrant son gousset) elles sont là.

GAVESTON, vivement et avec joie.

Qu’entends-je ! vous n’avez pas d’argent ! Eh bien ! alors, comment payerez-vous ?

GEORGES.

Moi ! cela ne me regarde pas ! la dame blanche y pourvoira. Il paraît que dans cette occasion je suis son homme de confiance, son chargé d’affaires, car je ne suis acquéreur que pour son compte.

GAVESTON.

Vous voulez plaisanter.

GEORGES.

Non, monsieur, et je vois que nous donnons tous les deux dans les excès opposés ; moi, je crois tout, et vous, vous ne croyez rien ! c’est un mal : le sage doit toujours prendre un juste milieu ; je veux bien