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ANNA.
Que dites-vous ? Il faut que toutes deux,
Tout à l’heure, en secret, nous partions de ces lieux.
MARGUERITE.
Y pensez-vous ? et pourquoi donc, grands dieux !
ANNA.
Tais-toi, c’est pour Julien.
MARGUERITE.
Tais-toi, c’est pour Julien. Vraiment !
C’est pour Julien ? ah ! j’y cours à l’instant.
ENSEMBLE.
MARGUERITE.
Pour nous, mademoiselle,
Quelle bonne nouvelle !
J’en mourrai de plaisir,
Julien va revenir !
ANNA.
Ô souffrance cruelle !
Ô douleur éternelle !
Oui, dussé-je en mourir,
Allons, il faut partir.
(Marguerite sort.)



Scène X.

ANNA, seule.

Oui, redoublons le mystère qui me cache à ses yeux ! Qu’il soit riche, qu’il soit heureux, mais qu’il ne puisse soupçonner la main qui lui rend son héritage ; qu’il ne connaisse jamais la pauvre fille qui l’aimait, et qui lui sacrifie son bonheur. Et vous, mes anciens maîtres, vous, mes bienfaiteurs, maintenant nous sommes quittes, je vous ai payé ma dette.