Page:Scribe - Théâtre, 8.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rien ; nos fioles, nos poudres, nos élixirs, notre orviétan, tout est resté, ainsi que notre caisse, au pouvoir de l’ennemi.

GASPARD.

C’est, ma foi, vrai ; et je n’y pensais plus.

ROBERT.
AIR de Turenne.

Nous arrivons tous deux en ce village,
Sans bruit, sans tambour, sans argent ;
Comment, dans un tel équipage,
Soutenir qu’on a du talent ?
Pour étourdir la foule stupéfaite,
Pour faire accroire au vulgaire badaud
Qu’on a pour soi la renommée ; il faut
En avoir au moins la trompette.

GASPARD, rêvant.

Tu as raison, il faudrait, du premier coup, frapper l’attention par quelque chose d’extraordinaire, d’incroyable, quelque chose enfin, qu’on n’ait jamais vu ni entendu. Attends donc, j’imagine un moyen, dont aucun docteur, je crois, n’a jamais eu l’idée.

ROBERT.

Ah mon Dieu ! surtout ne vas pas faire de physique.

GASPARD.

Oh non ! je ne sortirai pas de la médecine, il nous reste quelque argent, je vais rédiger une pancarte ambitieuse, et faire tambouriner dans toute la ville.

ROBERT.

Dis-moi, au moins, quel est ton projet ?