- Plaît-il ?
- Je dis que je la vois d’ici.
- Où donc ? dans mon panier ?
(Elle prend son panier à ouvrage qui renferme des pelotes de laine et de coton.)
- Oui, cherche à moins d’être sorcier !
(Une pelote de laine s’est échappée du panier, Minette se lève, court après, et joue avec toutes les autres en les dévidant comme les chats.)
- Eh bien ! eh bien ! mademoiselle !
- Laissez-moi !…
- Finis donc !
- Quelle horreur !
- Finis donc !
- On ne peut pas s’amuser avec elle !
- Mes laines ! mon coton !
(Minette s’approche de la cage et veut jouer avec les oiseaux.)
- Oh ! ces petits !
- Qu’ils sont gentils !
(Elle renverse la cage, qui tombe à terre.)
- Miséricorde… et mon serin !
- Autre querelle !…
- On ne peut pas s’amuser avec elle !
- Maudit lutin !
- Esprit taquin !
- Ah ! j’en perds la tête, à la fin !
- C’est épouvantable !
- C’est abominable ! etc.
- C’est insupportable !
- C’est abominable ! etc.
- C’est insupportable !
- Je me donne au diable ! etc.
(Marianne sort en colère et entre dans sa chambre, à droite.)
Scène VIII.
Allons ! nous voilà déjà en révolution ! Joli début !
(Il s’assied à droite du public.)
Elle s’éloigne ; tant mieux !… jusqu’à son retour nous serons tranquilles, au moins ! (À Guido.) Eh bien ! tu parais fâché.
Venez ici, Minette, venez ici, mam’zelle ! (Minette s’approche.) Qu’est-ce que vous avez fait là ? Pourquoi avez-vous touché à ses serins de Canarie ? Elle aime ses serins, cette femme.
Aussi, elle est trop difficile à vivre. (D’un ton caressant.) Et je suis bien sûre que vous ne voudrez pas me refuser la première grâce que je vous demande ? (Elle lui prend la main et la caresse.)
C’est ça… patte de velours !
Guido, mon ami, mon bon ami, dites-lui de s’en aller !
S’en aller !… cette bonne Marianne, qui vous a élevée !
Je l’aimerai toujours… mais loin d’ici.
(Elle passe plusieurs fois la main par-dessus son oreille.)
Allons !… nous allons avoir de l’orage ! (D’un air piqué.) Minette, Vous n’avez pas réfléchi à ce que vous demandez !
Mon ami !
Minette, vous me faites de la peine !
Vous me refusez… allez, je ne vous aime plus !
(Elle lui donne un coup de griffe sur la main.)
Dieu ! que c’est traître ! (À part.) Ah çà ! elle a conservé de singulières manières ! Il faudra là-dessus que je lui fasse la morale… ou du moins que je lui fasse les ongles. (Haut.) Ma chère, vous m’avez fait mal.
Laissez-moi, monsieur, ne me parlez plus, puisque vous reconnaissez si mal la tendresse que l’on a pour vous.
Ah !… votre tendresse !…