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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/121

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des ſiens d’aller querir tout ce qui eſtoit neceſſaire pour eſcrire : Perinthe ſe deffendit encore tres longtemps : mais à la fin craignant que la veritable cauſe de ſon opiniaſtreté ne fuſt devinée par Abradate ou par Cleandre, il conſentit à laiſſer prendre une copie de cette Lettre à Abradate : de ſorte qu’entrant dans un Cabinet de verdure au milieu duquel il y avoit une Table de Jaſpe, Abradate ſe mit à eſcrire : pendant quoy Cleandre ſe mit à entretenir Perinthe, & à luy vouloir perſuader de ſervir Abradate aupres du Prince de Claſomene, & aupres de la Princeſſe ſa fille. Mais il eſtoit ſi inquiet & ſi chagrin : qu’à peine reſpondoit il à propos : & : il eut de ſi violents tranſports pendant cette converſation, qu’il fut tenté cent & cent fois, d’arracher la Lettre de la Princeſſe des mains d’Abradate, & de luy faire mettre l’eſpée à la main. Touteſfois la preſence de Cleandre & de beaucoup d’autres, qui ſe promenoient dans le Jardin où ils eſtoient, ayant retenu ces premiers mouvements, la raiſon reprit ſa place dans ſon ame : & il ſe déguiſa le mieux qu’il pût. Il penſa, pour calmer le trouble de ſon eſprit, qu’apres tout, cette Lettre n’eſtoit qu’une Lettre de civilité, & qu’ainſi il ne devoit pas s’en affliger avec tant d’excés : de ſorte que reſpondant aux prieres que luy faiſoit Cleandre de ſervir Abradate, il luy dit qu’il eſtoit vray qu’il avoit l’honneur d’eſtre bien avec le Prince de Claſomene, & de n’eſtre pas mal avec la Princeſſe : mais que ſa maxime eſtoit de ne parler jamais à ſes Maiſtres, des affaires dont ils ne luy parloient pas. Et puis Seigneur, luy dit il, Abradate a tant de merite, qu’il n’eſt pas neceſſaire que perſonne le ſerve, ny aupres de l’un ny aupres de l’autre : ils dirent encore pluſieurs autres choſes, à la