Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/157

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Panthée, & qu’il en aſſurast le Prince ſon Pere en ſecret.

Mais durant que les choſes ſe paſſoient ainſi, Andramite qui eſtoit fort amoureux de Doraliſe, & qui l’avoit meſme eſté, devant que d’eſtre marié à une belle Perſonne qui eſtoit morte il y avoit plus d’un an, pria Perinthe à ſon tour, de luy rendre office aupres de Doraliſe, ce qu’il luy promit : luy diſant que ſi ſes ſoins ne luy eſtoient pas utiles, il prieroit meſme la Princeſſe de favoriſer ſon deſſein. Voila donc en effet Perinthe fort reſolu à taſcher de ſervir Andramite, à qui il avoit tant d’obligation ? de ſorte que non ſeulement il ſe mit à parler avantageuſement de luy à Doraliſe, mais il me pria auſſi de luy en dire quelque choſe ; ce que je fis à la premiere occaſion que j’en trouvay : bien eſt il vray que je luy dis que c’eſtoit à la priere de Perinthe. je penſe, Madame, vous avoir dit que Doraliſe eſtimoit Perinthe ; & que ſi elle euſt peut-eſtre eſté en pouvoir d’inſpirer dans ſon cœur tous les ſentimens qu’elle euſt voulu, il en auroit eu d’aſſez tendres pour elle. Vous pouvez donc aiſément juger apres cela, que le voyant ſi empreſſé à parler pour Andramite, bien loin de le ſervir comme il le ſouhaitoit, il luy nuiſit pluſtost. Elle ne luy reſpondit pourtant pas incivilement : mais ce fut touteſfois d’une maniere, qui luy fit voir qu’il ne rendroit pas grand office a ſon Amy. Or Madame, pour achever d’embarraſſer Perinthe, il arriva que la Princeſſe qui commençoit d’eſperer que peut-eſtre eſpouseroit elle un jour le Prince Abradate, & qui prevoyoit qu’elle quitteroit Sardis, ſe mit dans la fantaiſie, pour ne perdre point Doraliſe, de luy faire eſpouser Perinthe. Comme elle sçavoit bien que cette Fille l’eſtimoit beaucoup, elle