fort aimable : & que par conſequent elle n’eſpouseroit jamais un homme qui auroit eſté mauvais Mary.
Un jour donc que Mexaris & Abradate ſe trouverent chez la Princeſſe, quoy que ce dernier y allaſt un peu moins ſouvent par les ordres de Panthée ; Doraliſe ſe trouvant en un de ces jours où elle eſtoit la plus redoutable, ſe mit à leur demander, comme ils luy parloient d’Andramite, ſi elle n’avoit pas raiſon de reſister aux perſuasions d’un homme, qui n’avoit point pleuré la mort de ſa Femme ? mais, luy die Abradate, s’il l’a veuë mourir ſans douleur, ſeulement parce qu’il la regardoit comme un obſtacle au deſſein qu’il avoit d’eſtre aimé de vous, bien loin de l’accuſer d’inſensibilité, vous le devriez loüer de conſtance & l’en recompenſer. Il eſt vray, dit Doraliſe, qu’a regarder la choſe de ce coſté là, je luy ay quelque obligation : mais pourquoy l’eſpousoit il s’il m’aimoit ? & s’il ne m’aimoit pas, pourquoy ne l’a t’il point regrettée, & pourquoy ne la regrette t’il point encore ? Mais s’il la regrettoit, dit la Princeſſe, il ne vous aimeroit pas : j’en tombe d’accord, repliqua t’elle, mais auſſi en ſeroit il plus heureux. Son bonheur ſeroit mediocre, reprit Mexaris, de pleindre eternellement la mort d’une perſonne qu’il auroit aimée, je vous aſſure, reſpondit Doraliſe en ſous-riant, qu’une Maïſtresse vivante un peu capricieuſe, eſt bien auſſi incommode qu’une femme morte, quand elle auroit elle la meilleure du monde. Il ſemble par ce que vos dittes, reprit Mexaris, que vous vous acculiez vous meſme : il eſt certains caprices, adjouſta Abradate, dont les Belles ſont vanité, & qui ne laiſſent pas de donner beaucoup