il a cent bonnes qualitez : mais plus je connois qu’il en a, plus j’envie ſa bonne fortune, & plus il me rend infortuné. Le temps, repliqua t’elle, vous guerira malgré vous : ouy ſi je vivois aſſez pour attendre ſon ſecours, reſpondit il, mais ce n’eſt pas mon opinion, ny meſme mon deſſein. Cependant comme je ne veux pas que mon deſespoit eſclatte, & que je ſens qu’il m’eſt abſolument impoſſible de cacher ma douleur, & que je ne pourrois pas meſme aller chez la Princeſſe ſans y donner des marques de mon amour, il faut que le me retire. Comme il y a longs temps que ma ſanté eſt mauvaiſe, il me ſera peut eſtre aiſé de faire croire que les maux du corps cauſent ceux de l’eſprit : & de cacher le ſujet de ma melancolie, au peu de gens que je verray. Doraliſe entendant parler Perinthe de cette ſorte, fit ce qu’elle püt pour l’obliger à faire un grand effort ſur luy meſme, & pour l’empeſcher de s’aller enfermer chez luy : mais il n’y eut pas moyen de le divertir du deſſein qu’il avoit fait, & il falut qu’elle le laiſſast aller. Il ne la pria point en la quittant, de ne dire rien de ſa paſſion à la Princeſſe : & je ne sçay meſme s’il ne deſira point qu’elle luy en diſt quelque choſe. Elle n’eut pourtant garde de luy en parler : sçachant bien qu’elle n’euſt pu aprendre l’amour que Perinthe avoit pour elle, & le pitoyable eſtat où il eſtoit reduit, ſans en avoir de la colere ou de la douleur, ou peut-eſtre l’une & l’autre enſemble. De ſorte que ne voulant pas troubler ſa joye, elle ne luy en dit rien, mais elle m’en parla en particulier : ſi bien que comme je vy qu’elle en sçavoit autant que moy, je luy racontay tout ce que j’en sçavois : & nous euſmes toutes deux tant de compaſſion de voir un auſſi honneſte homme que Perinthe eſtre auſſi
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