Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/248

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plus de troupes : afin que ſi Thomiris entreprenoit quelque choſe, il fuſt en eſtat de luy reſister, juſques à ce qu’il euſt finy la guerre où il eſtoit engagé, & delivré la Princeſſe Mandane. Apres quoy, il ne ſongea plus qu’à commencer la Campagne : & qu’à reparer par quelque exploit memorable, le malheur qui luy eſtoit arrivé. Pour cét effet, il ne s’occupa durant quelques jours, qu’à aller voir luy meſme les Machines qu’il faiſoit faire ; qu’a aller de Quartier en Quartier, faire une reveuë de toutes ſes Troupes en particulier, juſques à ce qu’il en fiſt une generale : attendant impatiemment le jour bien heureux, où il conmenceroit d’entrer plus avant dans le Pais ennemy. Comme il avoit promis à Ligdamis de ne l’engager à rien qui choquaſt la generoſité, il ne voulut point luy propoſer d’obliger ſon Pere à luy donner paſſage par le Chaſteau d’Hermes : il ne voulut pas meſme ſonger, à ſa conſideration, à s’en rendre Maiſtre par la force : & il reſolut d’aller paſſer la Riviere plus prés de Sardis, en un lieu où il y avoit un Pont, & une petite Ville aſſez bien fortifiée, qu’il faloit prendre auparavant que d’eſtre aſſuré du paſſage de la Riviere. Cependant il recevoit tous les jours nouvelles que l’Armée de de Creſus groſſissoit : il sçeut que les Egiptiens qu’Amaſis luy avoit promis. & luy avoit envoyez par Mer, eſtoient arrivez : que les Thraces l’eſtoient auſſi : & que cette Armée enfin eſtoit ſi nombreuſe, qu’à peine le plus abondant Pais de toute l’Aſie, pouvoit il ſuffire pour ſa ſubsistance. Il aprit encore par ſes Eſpions que dans peu de jours cette Armée qui s’eſtoit aſſemblée aux bords du Pactole, devoit s’avancer juſques à un lieu nommé Thybarra, ou tous les ſujets de Creſus avoient ordre de conduire