mille autres choſes qu’il avoit remarquées ou en entrant, ou en ſortant de la Citadelle, quoy qu’il fiſt fort obſcur, redoubloient encore ſes deſplaisirs. C’eſt moy, diſoit il, c’eſt moy qui ſuis cauſe qu’elle eſt priſonniere, qu’elle voit tous les jours mille faſcheux objets : & qu’elle n’a pas un moment de repos : auſſi a t’elle bien proportionné la haine qu’elle me porte, aux maux que je luy fais ſouffrir : car je ne penſe pas que l’on puiſſe plus haïr perſonne qu’elle me hait En effet, adjouſtoit il, ſi cela n’eſtoit pas, elle n’agiroit pas comme elle agit, & elle n’aimeroit pas mieux eſtre dans une forte Citadelle, & au pouvoir d’un Prince qui a une puiſſante protection, & une grande Armée pour s’oppoſer à Cyrus, que de s’expoſer au malheur qu’elle craint. Il faut bien ſans doute qu’elle me haïſſe plus que le Roy de Pont : puis que quand il ſeroit vray, ce qui n’eſt pas, que je la voudrois enlever une ſeconde fois, il ſerort bien plus aiſé à Cyrus de la tirer de mes mains, que de celles de deux Princes, qui ont la moitié de l’Aſie engagée dans leurs intereſts. Mais c’eſt ſans doute que les Dieux non ſeulement ne veulent pas que je ſois le plus aimé : mais c’eſt qu’ils veulent meſme que je ſois le plus haï. Cependant j’ay entendu, ou j’ay creû entendre (car je ne me fie pas à mes propres ſens, tant ma raiſon eſt troublée) que ſi Mandane croyoit que j’euſſe un veritable repentir, elle auroit encore une veritable amitié pour moy : & malgré cela, j’ay beau avoir dans l’ame des ſentimens equitables & genereux, elle n’en croit rien & n’en veut rien croire. Car je ſuis aſſuré qu’elle combat ſa propre raiſon, qui luy dit ſans doute qu’elle doit adjouſter foy à mes paroles : & qu’à quelque prix que ce ſoit, elle veut que je ſois coupable. Au nom des Dieux Orſane, adjouſta
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