Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/432

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

embaraſſa tous avec beaucoup de joye de les revoir : principalement le dernier, pour qui il avoit une fort grande tendreſſe. Apres quoy, remontant tous à cheval, ils prirent le chemin du Camp, où Cyrus ne fut pas plus toſt, que ſuivant les ordres qu’il en avoit donnez, on aſſembla le Conſeil de Guerre dans ſa Tente : afin d’aviſer ſi on continueroit d’obſerver la Tréve, ou ſi ce qui venoit d’arriver la devoit faire rompre. De ſorte que dés le premier jour Mazare y donna ſa voix, comme s’il euſt eſté des plus anciens Amis de Cyrus : la choſe fut quelque temps douteuſe : les uns voulant que l’on rompiſt la Tréve, & que l’on profitaſt du deſordre où eſtoit alors Creſus : & les autres ſoutenant qu’il iroit de la gloire de Cyrus, s’il en uſoit ainſi. Ceux qui eſtoient de cette opinion, diſoient que ce qui venoit d’arriver, n’eſtoit point une choſe que l’on puſt attribuer à Cyrus : puis qu’il n’avoit rien fait que recevoir des Priſonniers qui s’eſtoient ſauvez : & qu’accorder retraitte à un Prince mal traitté, & à quelques gens de qualité meſcontents. Qu’ainſi il faloit ſe donner patience : puis que la Tréve ne devoit plus durer que trois jours. Enfin la choſe ayant eſté bien conteſtée, quelque envie qu’euſt Cyrus de combattre, principalement ayant preſentement le paſſage de la Riviere d’Helle libre, par le moyen du Frere d’Andramite, il ne voulut touteſfois pas qu’on luy puſt reprocher d’avoir violé les loix de la guerre : ſi bien que reſolution eſtant priſe, tous ces Princes ſe retirerent aux Tentes qui leur avoient eſté preparées : à la reſerve d’Abradate, que Cyrus fit conduire à la petite Ville où. eſtoit ſa chere Panthée : faiſant ordonner à Artabaſe de ſe retirer, afin qu’elle ne viſt plus aucune marque de captivité.