demander à prolonger la Tréve pour huit jours, afin de traiter de la liberté du Prince Artamas, etde celle de la Princeſſe Araminte. Dés que cette propoſition fut faite à Cyrus, ce Prince connut bien le veritable deſſein du Roy de Lydie : & s’il euſt ſuivy ſon inclination, il l’auroit abſolument rejettée, afin de profiter du deſordre qui eſtoit dans l’Armée de Creſus. Mais comme elle luy fut faite en preſence du Roy de Phrigie (qui quelque habile qu’il fuſt, eſpera que peut-eſtre le Prince ſon Fils pourroit il eſtre delivré par cette negociation) Cyrus voyant les ſentimens de ce Prince, ne voulut pas le deſobliger : ny perſuader auſſi à la Princeſſe Araminte, qu’il eſtimoit extrémement, qu’il euſt moins d’envie de contribuer à ſa liberté qu’à celle de Panthée. Ce n’eſt pas que quelque eſtime qu’il fiſt de cette Princeſſe, il n’euſt eu peine à la rendre : parce qu’il luy ſembloit qu’eſtant Sœur du Roy de Pont, cela luy eſtoit d’une extréme conſideration. Mais comme il jugeoit bien qu’il importoit encore plus à Creſus de ne rendre pas le Prince Artamas, qu’à luy de ne rendre pas la Princeſſe Araminte, il accorda la Tréve qu’on luy demandoit : & d’autant pluſtoſt, qu’eſtant aſſuré du paſſage de la Riviere d’Helle, il sçavoit bien qu’il faudroit de neceſſité que Creſus combatiſt des qu’il le voudroit. De ſorte que ne s’agiſſant que de huit jours pluſtoſt ou plus tard, il ſe reſolut de ſatiſfaire le Roy de Phrigie : & de n’irriter pas la Princeſſe de Pont, à qui il envoya dire la choſe. De plus, ces huit jours ne luy eſtoient pas encore abſolument inutiles non plus qu’à Creſus : car comme les Lydiens avoient fait le dégaſt dans toute la Campagne qui alloit de la Riviere d’Helle à Sardis, il faloit bien ce temps là, afin d’avoir aſſez
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