Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/460

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fortuitement jetté les yeux ſur Beleſis, elle les y avoit attachez long temps : eſtant avez ordinaire en ces lieux là, de regarder plus les Eſtrangers que ceux de ſa connoiſſance, quand ils ſont auſſi bien faits que luy. De ſorte que cela avoit fait qu’elle n’avoit pas veû Hermogene : mais l’ayant enfin connu, elle l’apella : eſtant bien aiſe de luy faire civilité pour l’amour de luy : mais eſtant bien aiſe auſſi d’avoir lieu de luy demander le Nom de cét Eſtranger qu’elle voyoit bien qui eſtoit de ſa connoiſſance. C’eſt pourquoy elle ne le vit pas pluſtoſt paſſer aupres d’elle, que l’appellant, comme je l’ay deſja dit, & depuis quand Hermogene, luy dit elle, eſtes vous revenu ? Il y a ſi peu, repliqua t’il, que je ne ſuis pas meſme obligé de vous faire excuſe de ce que je n’ay pas encore eu l honneur de vous voir : quoy que vous ſoyez une des perſonnes du monde pour qui je veux avoir le plus de reſpect : puis qu’enfin je n’ay point encore entré dans Suſe. C’eſt eſtre ce me ſemble bien galand, reprit elle, que de vouloir finir un voyage d’un an, par une promenade comme celle cy : & ſi l’on vous euſt accuſé d’eſtre amoureux quand vous partiſtes, je croirois que vous auriez donné aſſignation au lieu où nous ſommes à quelque belle Perſonne. Ane vous en mentir pas, repliqua t’il, l’amitié que j’ay pour cét Eſtranger que vous voyez, & qui vous regarde ſi fort, eſt ce qui eſt cauſe que je vous ay veuë aujourd’huy : car comme je meurs d’envie qu’il tarde icy, je fais ce que je puis pour l’enchaiſner : c’eſt pourquoy, belle Cleodore, je vous conjure de vouloir me rendre cét office. Vous eſtes un mauvais Amy, reſpondit elle, de vouloir ce que vous dittes : auſſi ne crois-je pas que vous le ſouhaitiez. Mais pour parler un peu plus ſerieuſement, adjouſta