Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/576

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aime plus : & qui vous à trahie : Leoniſe n’auroit touſjours autre part à mon crime, que de s’eſtre laiſſé voir. Quoy qu’il en ſoit, dit Cleodore, ta choſe ira comme je le dis. Je voy bien reprit il, que vous ne cherchez qu’un pretexte à me rendre de mauvais offices aupres de Leoniſe ; mais Madame, quoy que vous croiyez que je ne vous aime plus, je ne laiſſe pas de m’intereſſer encore aſſez en tout ce qui vous touche, pour m’aperçevoir que vous eſtes ravie de joye de pouvoir m’accuſer d’inconſtance : de peur que je ne vous die qu’Hermogene vous a renduë infidelle. Je ne vous conſeille pas, luy dit elle, de vous ſervir d’une ſi mauvaiſe fineſſe, car elle vous ſeroit inutile. Cependant puis que vous ne voulez pas que je sçache vos veritables ſentimens, il faut que je vous die les miens. Sçachez donc, qu’on ne peut pas avoir plus d’horreur que l’en ay pour voſtre inconſtance, ny moins de regret d’avoir perdu ce qui eſtoit ſi aiſé à perdre. Apres cela, allez vous en chercher quelque conſolation aupres de Leoniſe, de ce que vous avez eſté une nuit ſans ſa Peinture : auſſi bien elle ſe trouve mal, & a ordonné de dire qu’on ne la voit pas aujourd’huy : mais comme je penſe que vous avez quelque privilege particulier aupres d’elle, il pourra eſtre que vous la verrez. Cependant preparez vous s’il vous plaiſt, à la voir ailleurs qu’en ma prenſence : car j’ay aſſez de credit aupres de ma Tante, & aſſez d’adreſſe, pour faire que vous n’ayes plus la liberté de venir dans ſa Maiſon. C’eſt ſans doute, reprit Beleſis, ſans sçavoir preſques ce qu’il diſoit, que vous voulez voir Hermogene plus commodément : c’eſt aſſurément, dit elle, que je ne veux plus voir Beleſis, ny inconſtant, ny aſſez