comme ces yeux : & que ce que Beleſis luy a dit d’abord, l’ait obligé à agir comme il a fait : eſtant bien aſſuré qu’il a touſjours conſervé beaucoup d’amitié pour luy, principalement depuis que le temps à diminué la paſſion qu’il avoit pour Cleodore.
Alcenor ayant ceſſé de parler, Cyrus luy teſmoigna la ſatiſfaction qu’il avoit de ſon recit : Panthée, Araminte, Abradate, & Mazare, le remercierent auſſi : en ſuitte dequoy, examinant la choſe, ils ne trouverent pas grande difficulté à accommoder ces deux Amis ennemis. Car puis qu’Hermogene avoit pû ſe reſoudre à vivre ſans Cleodore, & que ſa paſſion eſtoit diminuée pour elle, c’eſtoit ſans doute à luy à la ceder à Beleſis : de qui l’amour eſtoit plus toſt augmentée que diminuée. Ils penſerent auſſi que quant au Portrait, il eſtoit encore juſte qu’il demeuraſt à celuy à qui Cleodore l’avoit donné : faiſant pourtant deſſein, ſi Hermogene ne pouvoit pas tout à fait conſentir de renoncer à Cleodore, d’ordonner que l’on feroit sçavoir à cette belle Perſonne que Beleſis vivoit & l’aimoit toujours, & qu’Hermogene l’aimoit auſſi : & qu’apres cela, ſoit qu’elle vouluſt demeurer au lieu où elle eſtoit, ou choiſir quelqu’un d’eux pour ſon Mary, ils y conformeroient leur volonté, & demeureroient Amis. Mais ce qu’il y eut de rare, fut qu’Alcenor ayant eſté envoyé vers Beleſis, pour luy aprendre que Cleodore n’avoit point eſpouſé Hermogene, afin de le preparer à cet accommodement : il le trouva en converſation aveque luy : ayant tous deux prié leurs Gardes de les laiſſer parler enſemble. De ſorte que Beleſis en aprenant d’Hermogene qu’il n’avoit point eſpouſé Cleodore, avoit de telle ſorte perdu l’animoſité qu’il avoit contre luy ; qu’il luy avoit dit cent choſes pleines de tendreſſe : luy