grettoit fort, & en Pont, & en Bithinie. Apres cela, elle s’informa encore d’Arbiane & d’Ariſthée, qu’il luy dit eſtre en ſanté : de ſorte que ne pouvant tirer autre eſclairciſſement de luy, elle prit la reſolution non ſeulement de le renvoyer avec une Lettre, mais encore d’envoyer aveque luy un de ſes Eſclaves : afin de parler à celuy à qui cét homme devoit donner ſa reſponce dans un Temple d’Heraclée. De ſorte que ſans perdre temps, Araminte eſcrivit à Spitridate : & choiſit l’Eſclave qu’elle vouloit envoyer, recompenſant magnifiquement celuy qui luy avoit aporté la Lettre de Spitridate : car encore qu’elle fuſt captive, la generoſité de Cyrus, ne laiſſoit pas de la mettre en eſtat de pouvoir faire des preſens.
Cependant le Traitté qui ſe devoit faire pour la liberté de cette Princeſſe, & pour celle du Prince Artamas, alla ſi lentement, parce que Creſus le vouloit ainſi ; qu’il n’y avoit pas encore un article reſolu le jour auparavant que la Tréve deuſt finir : Cyrus n’avoit pas pluſtoſt accordé une choſe, que Creſus y faiſoit naiſtre une nouvelle difficulté : & le deſſein caché qu’il avoit de gagner temps, parut ſi clairement, qu’encore qu’il s’agiſt de la liberté du Prince Artamas, le Roy de Phrigie fut le premier à dire à Cyrus qu’il ne faloit plus s’amuſer à traitter avec un Prince qui ne traittoit pas ſincerement : & d’autant plus que l’on sçeut qu’il avoit une grande joye dans l’Armée de Creſus, pour l’arrivée d’un renfort de Troupes Egiptiennes, que l’on diſoit eſtre conduites par un Prince extrémement brave De ſorte que voyant que cette Tréve ne ſervoit qu’à faire durer la guerre plus long temps, il fut reſolu qu’on ne la prolongeroit plus, quelque demande qu’en fiſſent les Ennemis. Cyrus ne voulut toutefois pas qu’on la rompiſt,