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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/633

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Pere qui en eſtoit Gouverneur s’eſtoit veû contraint de ce declarer, ne fit plus de difficulté de combatre pour Cyrus, principalement voyant tant d’autres Lydiens dans ſon Armée. Comme Cyrus eſtoit tres civil, il dit à toutes ces Dames en general, qu’il feroit ce qu’il pourroit pour faire qu’elles ne fuſſent pas obligées de reſpandre des larmes, apres la victoire qu’il eſperoit obtenir : aſſurant la Princeſſe Araminte en ſon particulier, de ne manquer jamais à rien de ce qu’il luy avoit promis. Cyrus avoit ce ſoir là tant de joye ſur le viſage, qu’il eſtoit aiſé de tirer un heureux preſage pour la Bataille qu’il devoit donner : auſſi Panthée luy dit elle qu’elle en eſperoit bien : s’imaginant qu’il sçavoit ſans doute que ſes Ennemis n’eſtoient pas ſi forts qu’on les diſoit. Au contraire Madame, luy dit il, j’ay sçeu qu’il leur eſt venu d’Egipte un Prince extrémement brave : que le Prince de Myſie eſt auſſi arrivé à Sardis, & qu’un vaillant Capitaine d’Ionie nommé Arinaſpe, eſt auſſi venu avec des Troupes au ſecours de Creſus : mais puis que le vaillant Abradate, pourſuivit il, eſt pour nous, & que noſtre cauſe eſt la plus juſte, je ne laiſſe pas d’eſperer la victoire. Au moins, adjouſtat il, ay-je cette conſolation, de pouvoir eſperer de vaincre bientoſt ou de mourir : apres cela ce Prince prit congé d’elle, & de toutes les autres Dames : n’y en ayant pas une qui n’euſt un ſujet particulier de ſe loüer de ſa civilité, & qui ne fiſt des vœux pour ſa conſervation. Phraarte n’en pût pas autant obtenir de la Princeſſe Araminte : qui dans les ſentimens de douleur où elle eſtoit, & pour la priſon de Spitridate, & pour la Bataille qu’on alloit donner, le regarda partir preſques ſans sçavoir ſi c’eſtoit luy. Pour Ligdamis, il reçeut de ſa chere Cleonice, toutes les marques de tendreſſe qu’il en pouvoit deſirer : mais pour Andramite, il ne pût voir en Doraliſe que de la civilité : encore ne s’eſtimoit il pas tout à fait malheureux, d’en avoir eſté regardé ſans froideur.

Cependant Abradate fit ſes Adieux à part, & ne les fit que le lendemain au matin : mais comme il eſtoit preſt de prendre les Armes qu’il avoit accouſtumé de porter, Panthée luy en envoya de magnifiques, qu’elle luy avoit fait faire ſecrettement à la Ville où elle eſtoit lors qu’il l’eſtoit allée trouver, & où elle avoit fait mettre tontes ſes Pierreries. Le Caſque qu’on luy aporta, eſtoit tout eſtincelant de